Et si l’Afrique devenait l’un des continents pionniers de la révolution numérique ?

[Tribune] Quel réveil européen à l'heure des révolutions technologiques ?

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Sans préjuger des annonces du 19 février, les positions de Thierry Breton, Commissaire européen chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace, sont connues : promotion d’une « souveraineté numérique européenne », définition de règles auxquelles les opérateurs non européens devront se soumettre, dépassement du RGPD, création d’un « cloud européen ».

Pour légitime et nécessaires que soient ces ambitions au cœur du monde futur, s’affirment trois défis majeurs pour asseoir véritablement l’identité et la place de l’Europe dans l’avenir technologique.

Le premier défi, loin d’être relevé, est celui de l’acceptabilité des innovations par les populations européennes. Que l’on en juge : uniquement en France, les données sont édifiantes : l’intelligence artificielle est considérée comme une « source d’espoir » par seulement 28 % des Français (par 48 % comme une « source de craintes », les autres ne savent pas) ; la 5G par 39 % (contre 22 %), selon l’Observatoire sur le futur réalisé par Viavoice pour le GCF (données août 2019).

Le deuxième défi est celui de la préservation de la capacité d’entreprendre et de croissance, la nécessité de ne pas brider la compétitivité ni l’action par de nouvelles réglementations contraignantes.

Le troisième défi est celui du désir collectif de souveraineté européenne : pas uniquement son inscription dans des normes, protectionnistes ou régulatrices, mais l’envie positive de souveraineté européenne sur le continent et dans le reste du monde. Souvent cette souveraineté est vécue par défaut, en défense face à la puissance croissante des Etats-Unis et de la Chine. Mais le désir positif de souveraineté est pour une large part bridé par la mémoire d’une Europe trop conquérante sur la planète au cours des deux derniers siècles, et pour une large part encore éprouvée par un sentiment de culpabilité.

L’appel du 19 février, le plan d’action européen parviendront-ils à relever ces défis ? Une intention, des normes et des financements seront vraisemblablement posés, constituant une réflexion et une ambition nécessaires et salutaires. Mais l’avenir digital de l’Europe est également une affaire de culture collective. Inscrire résolument l’Europe dans l’avenir digital mondial, lui bâtir la place de premier rang qu’elle mérite, imposera de fédérer les populations européennes, de ne pas brider les entrepreneurs, et de forger une vision conquérante acceptable en regard de notre histoire.

Ce combat pour une Europe forte au cœur du XXIème siècle sera aussi (surtout) une question de cultures et d’ambitions collectives.