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La souveraineté industrielle devient un enjeu stratégique

La pandémie de Covid-19, puis la guerre en Ukraine ont soudainement rebattu les cartes de la géopolitique mondiale tout en démontrant l’importance de la souveraineté industrielle, véritable arme stratégique face aux conflits ou aux aléas mondiaux.

 

L’interdépendance des Etats, du fait notamment de l’éclatement des chaines de production est loin d’être nouvelle, pourtant elle provoque de plus en plus d’inquiétude qui peut s’expliquer par la multiplication des crises mettant en avant les fragilités de ce système d’interdépendance. Afin de pouvoir faire face aux potentielles difficultés d’approvisionnement découlant des crises rompant les liens et les communications entre les Etats, il est nécessaire, sinon essentiel de maintenir une autonomie stratégique, une souveraineté industrielle. Cela n’est pas synonyme d’autarcie ou d’indépendance totale, bien au contraire, les liens établis sont souvent trop profonds pour pouvoir être totalement rompu. En revanche, il s’agit de pouvoir satisfaire ses besoins sans dépendre d’un autre Etat et de sa bonne volonté. L’objectif est donc avant tout de pouvoir maintenir une capacité d’agir, de produire ou de répondre à des besoins primaires, voire secondaires, même en cas de grave crise mondiale conduisant à des difficultés d’approvisionnement, voire à des pénuries sur certaines matières premières. Sur ce sujet, la crise sanitaire liée à la Covid-19 puis la guerre en Ukraine ont marqué un véritable tournant, tant sur la nécessité de souveraineté industrielle que sur la réindustrialisation du pays qui peut l’accompagner. Alors que cette dernière était perçue majoritairement comme un enjeu simplement économique, lié au redressement de la balance commerciale, le renforcement de l’industrie française est devenu depuis lors un enjeu stratégique synonyme de souveraineté et de puissance.

 

Pourtant, cela ne pourra se jouer que sur du long terme, en prenant également en compte l’urgence de la crise climatique. Il sera impossible de réindustrialiser la France comme au XIXè siècle. Cependant, plusieurs actions peuvent être mises en place pour assurer une réindustrialisation durable, soutenable et souveraine. Ainsi, cela passe par le développement d’un véritable écosystème d’offre de solutions, de production, permettant de favoriser l’émergence de champions innovants et mettant en place des bonnes pratiques et une expertise particulière par exemple. Toutefois, des défis restent à relever pour permettre d’atteindre la souveraineté industrielle comme l’adéquation entre la formation et l’emploi, l’indépendance vis-à-vis des investisseurs étrangers, notamment dans les secteurs stratégiques. Des questions d’échelle de souveraineté se poseront également : doit-on la développer à l’échelle européenne ou seulement étatique, les deux n’étant d’ailleurs pas incompatibles.  Enfin, il faut garder à l’esprit qu’une autonomie totale ressort de l’utopie car dans certains secteurs la dépendance sera toujours présente notamment du fait de l’absence des matières premières sur notre territoire pour certaines industries. La souveraineté industrielle est donc surtout une affaire de choix politiques et stratégiques définissant les besoins en matière de production, d’innovation, de service, etc. mais également en termes de secteurs ou de géographie qui sont indispensables, qui nous permettront de faire face aux crises successives et aux difficultés qu’elles apportent.